NAISSANCE ET ENFANCE

C’est à, très exactement, quatorze et seize minutes, que Casie a vu pour la première fois, le monde extérieur et qu’elle a poussé son premier cri de détresse, tant elle préférait l’endroit où elle se trouvait auparavant, et ce durant neuf mois. Dès le début, alors qu’elle n’avait même pas encore vu ce qui se trouvait derrière les quatre murs et le toit l’entourant, elle n’aimait déjà pas ce monde. Trop de lumière, de couleurs mais surtout, de gens. C’est donc ainsi qu’elle démarra dans la vie, sur notre terre, en détestant tout et tout le monde. Il faut aussi préciser son cadre de vie. Sa famille et elle-même, vivaient dans une petite ferme délabrée dans la campagne aride de la Californie. A cette époque, il n’y avait pas grand-chose à voir dans ces endroits là. Du moins, pas dans le coin où vivait la famille Malo. Lorsque Casie était enfant, le village dans lequel elle vivait, était peu peuplé et tout n’était que chaleur et poussière. L’état tentait toujours de se relever, avec peine, d’un violent et criminel tremblement de terre, qui avait fait de nombreux morts. Sa famille s’en était rechapée grâce à la chance. Casie vivait alors une vie simple et sans histoire, dans une famille aux revenus modestes. Elle allait à l’école comme n’importe quel enfant de son âge et c’était tout. Elle n’avait pas de vie sociale. Le contact avec les autres lui avaient toujours été pénible. En effet, elle a toujours été une solitaire dans l’âme, supportant difficilement la présence des autres.[

ADOLESCENCE

Plus Casie vieillissait et plus ses relations avec les autres, se détérioraient. Ainsi, lorsqu’elle était au collège, les autres élèves l’ignoraient superbement puisqu’elle se montrait assez froide envers eux. Elle se fichait bien, alors, de ce que tous ces gens pouvaient bien penser d’elle. La seule chose qui comptait à ses yeux, c’était sa solitude. Sans doute vous demandez vous pourquoi elle a toujours été si solitaire. Eh bien je vous répondrais simplement qu’elle n’a jamais vraiment aimé l’espèce humaine. En effet, elle les a toujours trouvé, tous, superficiels et sans intérêts. Nombrilistes et trop occupés à leur propre survie sur cette terre pour voir les douleurs et les dégâts qu’ils lui infligeaient. Elle, de son côté, est très proche de la nature, comme si elle considérait le monde comme une personne à part entière, dont il faut prendre grand soin. Cela peut paraître étrange mais elle préfère largement plus la présence d’un animal, même un rat, plutôt que celle d’un humain. Cela se confirma un peu plus tard, lorsqu’elle entra au lycée, l’école des grands, mais surtout, dans la vraie adolescence. Je me dois de préciser, en passant, qu’alors, ses parents avaient toujours des revenus modestes bien que légèrement plus élevés qu’auparavant. En effet, son père avait trouvé un emploi dans les mines, pour extraire le pétrole de la terre. Bref, c’est à son entrée au lycée, que Casie a été réellement remarquée comme étant la fille insociable et carrément glaciale. Il faut rappeler que lorsque que l’Homme ne trouve aucune explication à quelque chose, il monte ses propres histoires et se met à croire à tout et à n’importe quoi. C’est ainsi que Casie devint la fille la plus détestée de toute l’école. Mais bien évidemment, elle s’en fichait comme d’une guigne. Pourtant, c’était assez « chiant », pardonnez moi du mot, de se faire sans cesse traiter de tous les noms. Tout cela parce qu’on est plus proche de la nature que de l’Homme. *Voilà une raison de plus pour détester les êtres humains. Ils sont puérils et ont l’esprit étriqués* pensait-elle lorsqu’elle était ainsi insultée. Puis, une rumeur naquit dans le lycée. Que disait-elle ? Que Casie était une sorcière et qu’elle puisait ses pouvoirs dans la nature, comme les Wicca. Mais tout cela était parfaitement faux et elle s’amusait bien à entendre toutes ces rumeurs, plus farfelues les unes que les autres.

LE DEFI

A la fin de la première année de Casie au lycée, elle était toujours aussi détestée par les autres élèves de son école. Surtout les pimbêches de service qui n’appréciaient guère l’intérêt que suscitait son mystère, chez les hommes. Mais de cela aussi Casie n’en n’avait cure. Ca lui importait peu de savoir si elle plaisait ou non aux hommes. Bref, un jour alors que la brume était omniprésente sur la ville, depuis quelques jours et qu’il faisait toujours sombre, LE groupe de pimbêches du lycée, vint rendre une « petite visite de courtoisie » à Casie, pendant une récréation. Je vais vous raconter leur dialogue, je pense que ça pourrait vous êtres utile. Je tiens tout de même à préciser que le ton de courtoisie de Jody, la chef de la bande, était parfaitement faux et totalement hypocrite.

] _Casie ma chérie ! Alors comment tu vas aujourd’hui ?
Demanda Jody en souriant, toute proche de Casie, qui se contenta d’ailleurs de froncer les sourcils de façon dubitative. De toute façon, Jody n’attendait guère de réponse.
_En fait, je me demandais…Commença t’elle en se tripotant les ongles.As-tu entendu parler de la maison abandonnée en bordure de la ville Casie ?
Les sourcils toujours froncés, Casie hocha négativement la tête.[/color]
_Eh bien en fait, il s’agirait d’une maison hantée !
Le ton excité de la jeune fille désespéra grandement Casie qui se décida enfin à ouvrir la bouche.
_Et tu crois à des trucs pareils ?
Casie ne doutait pas un seul instant que la jeune fille put y croire. Après tout, elle pensait réellement que la brune était une sorcière alors pourquoi pas des histoires de fantômes ?
_Eh bien en fait…disons que j’aurais aimé en avoir le cœur net tu vois ? Mais je ne suis pas assez courageuse pour y aller alors…
Casie n’eut pas besoin de plus d’explications pour comprendre où voulait en venir Jody. Elle souhaitait la voir s’y rendre. Sans doute espérait-elle lui faire peur. Mais c’était raté car la brune ne craignait pas grand-chose et ne croyait pas à toutes ces foutaises.
_Et je suis censée y aller moi c’est ça ?
Aussitôt, le visage de Jody reprit son air hautain et méprisant. Lorsqu’elle reprit la parole, se fut sur un ton suffisant et d’une voix remplie d’acide.
_Hump ! Je doute que tu oses y aller ! Surtout vu le temps qu’il fait en ce moment.
Aussitôt, le petit groupe tourna le dos à la brune et commença à s’éloigner. Mais c’était sans compter sur Casie qui relevait toujours tous les défis et qui ne supportait que moyennement, de perdre.
J’irais ! Ce soir après les cours.

UNE RENCONTRE

A dix sept heures, Casie quittait le lycée, comme beaucoup d’autres élèves. Ce que purent voir les autres qui se trouvaient devant le portail à ce moment là, c’est la brune qui se dirigeait tranquillement en direction de la « maison hantée ». Il n’était pas difficile de savoir où elle se rendait car il n’y avait qu’elle dans la direction que prenait Casie. La jeune fille, les mains dans les poches et regardant droit devant elle, continua donc et s’enfonça davantage à chaque pas, dans la brume épaisse qui empêchait de voir à deux mètres. Il ne fallut guère longtemps avant que la jeune fille ne disparaisse aux yeux des autres étudiants. Certains voyaient là un grand courage de sa part, d’autres, simplement un nouvel acte de sorcellerie. Autant dire que les rumeurs amplifieraient dès le lendemain. Mais une nouvelle fois, Casie n’en n’avait cure. C’est donc ainsi, que la brune marcha durant un peu plus d’un quart d’heure. Elle ne voyait plus rien du tout tant la brume était épaisse. Au point qu’elle avait l’impression d’être aveugle. C’est lorsque son pied entra violemment en contact avec quelque chose de dur, qu’elle comprit qu’elle était enfin arrivée. Lentement, elle monta les marches de bois, menant au perron, espérant ne pas tomber. Elle ne voyait même pas ses pieds. Bizarre, elle n’avait pas eu l’impression que la brume était épaisse à ce point. Elle dû avancer, le bras en avant, pour que sa main soit, enfin, en contact avec la porte de bois. Elle eut un léger rire nerveux lorsque la pensée que la brume et la maison « hantée » allaient de paire, lui traversa l’esprit. C’était tout bonnement ridicule ! Lorsqu’elle pressa la poignée, la porte s’ouvrit ne montrant aucune résistance. Elle ne grinça même pas ce qui était assez étonnant si l’on considérait que la maison était soit disant abandonnée et même hantée. Mais cela n’effrayait pas plus Casie que cela. C’est pourquoi, elle entra sans hésiter dans la maison. L’intérieur était frais et humide. Sans parler de la saleté repoussante. Une crasse épaisse qui recouvrait les murs, les fenêtres et les meubles. Sans parler des tapisseries et des rideaux qui tombaient en lambeaux et des fauteuils éventrés. Il faisait très sombre à l’intérieur c’est pourquoi Casie ne pouvait que deviner les formes alentours. Pour compenser, elle tendait l’oreille et restait alerte. Mais rien. Pas un bruissement, ni de frôlement de chuchotement ou de craquement, ne venait rompre le silence de la maison. De quoi rassurer quelque peu la jeune fille. Pourtant, lorsqu’elle fit un pas en avant, elle crut entendre un bruit non loin d’elle. Elle préféra penser que ça avait été causé par elle-même et non autre chose. Pourtant elle n’était plus aussi rassurée qu’au début. *Allez chochotte tu ne vas pas commencer ! C’est une vieille maison, normal donc, qu’elle fasse des bruits. Rien de surnaturel ou de dangereux là-dessous.* Etrangement, cela suffit à la rassurer légèrement. Téméraire, elle décida de monter à l’étage. Sans doute pour se prouver à elle-même que cette maison n’avait de surnaturel que le surnom qui lui avait été attribué. Ainsi, posa-t-elle un pied sur la première marche puis l’autre sur la suivante. Elle monta lentement, mais sûrement, jusqu’à l’étage supérieure. Les marches craquaient sinistrement sous ses pas. Une fois à l’étage, elle pénétra dans une pièce et…entendit comme un frôlement dans son dos. Elle se retourna aussitôt et se retrouva nez à nez avec un homme qui semblait avoir son âge mais qui avait un physique si parfait, qu’il en paraissait inhumain. Sur le coup de la surprise, la brune recula et eut le malheur de trébucher. Elle se retrouva sur les fesses, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Etonnée, elle baissa le regard un instant. Lorsqu’elle le leva à nouveau, elle était seule dans la pièce.

LA TRANSFORMATION

Le lendemain, Casie fut bombardée de question, par rapport à sa visite de la maison. Pas une seule fois, elle ne répondit, ni même, daigna ouvrir la bouche. Le soir même, elle se rendait de nouveau dans la maison. Etait-elle folle ? Non. Simplement désireuse de voir si elle n’avait pas rêvé, si cet homme à la beauté fascinante, n’était pas une simple illusion. Mais elle ne le revit pas. Ni même les jours qui suivirent, car elle s’y rendit tous les soirs durant plus d’un mois. Au début, les gens la prenaient pour une folle. Certains pensèrent même qu’il n’y avait aucun danger à entrer dans la maison. En effet, deux mois après que Casie eut, enfin, cessée de se rendre dans la demeure, un petit groupe de lycéen y alla. Moqueuse, la brune les observa de loin. Ils ne mirent guère longtemps avant de ressortir en courant et en hurlant. Ils étaient six à leur entrée, cinq à leur sortie. Ils semblaient ne pas s’en être rendu compte ce qui stupéfia littéralement la jeune fille qui décida d’entrer dans la maison. Elle n’aimait peut-être par particulièrement les humains mais de là à en voir disparaître un…Bref c’est ainsi que la brune entra dans la maison qui, à présent, ne lui faisait absolument plus peur. Pourtant, à peine avait-elle fait trois pas à l’intérieur, qu’une voix douce, rauque et tout simplement envoûtante, s’élevait juste derrière, lui souhaitant le bon jour. Elle se retourna en sursautant et recula d’un pas, se retrouva adossée à la rambarde de l’escalier. Il était là ! C’était lui ! L’homme, l’apparition, celui à la beauté inhabituelle et irrésistible. Elle fut bouche bée durant un moment, ouvrant et fermant la bouche à plusieurs reprises, ne trouvant que dire devant cette apparition.
_Je commençais à me languir de tes visites quotidiennes…
Reprit l’apparition, un léger sourire en coin. Il relevait à la fois de l’imaginaire, par sa beauté stupéfiante et du réel par le fait qu’il était bel et bien présent en cet instant, devant Casie, stupéfaite. Elle fit mine de ne pas comprendre…non en fait elle ne comprit pas vraiment ce qu’il venait de dire. Il savait pour ses visites quotidiennes ? Mais alors à chaque fois il avait été présent ? Et jamais il ne s’était manifesté !
_Euh…pardon ?
Un léger rire franchit les lèvres de l’homme / apparition.
_J’ai une excellente mémoire. Et je crois ne pas me tromper si j’affirme t’avoir déjà vu venir ici à plusieurs reprises.
_Oui mais…il n’y avait personne quand je venais…
_Il y a toujours quelqu’un caché dans l’ombre…tu reviendras ?
Leur premier échange verbal s’arrêta là. Il suffit d’un clignement d’yeux de la part de Casie, qui n’eut d’ailleurs pas le temps de répondre que déjà, l’apparition avait disparu.
_Oui…Dit-elle quand même, dans le vide.
Et c’est ce qu’elle fit.
Le lendemain, le surlendemain et tous les jours qui suivirent, elle se rendit dans cette maison et parfois, l’homme l’honorait de sa présence. S’ensuivaient de longues conversations tout simplement magiques. Casie ressortait toujours, la tête dans les nuages. Le jeune homme disparut, ne fut jamais retrouvé, soit dit en passant. Et plusieurs autres disparitions eurent lieux dans leur petit village, au point que cela commença sérieusement à inquiéter les autorités qui ne comprenaient pas d’où cela provenait. C’est à cette époque là que le père de Casie tomba gravement malade. Elle avait alors dix huit ans et cela faisait plus d’un an qu’elle voyait régulièrement celui qu’elle appelait l’« apparition » à défaut d’avoir son vrai prénom. Bref, en raison de son travail dans les mines, monsieur Milo eut un cancer qui le foudroya en six mois de temps. Durant toute la maladie de son père, Casie fut présente à ses côtés, au point qu’elle s’épuisa. Le matin, très tôt, elle travaillait pour remplacer le salaire de son père, la journée elle était en cours et le soir, elle rendait visite à l’« apparition ». C’est ainsi, qu’elle-même, tomba malade. Gravement malade. A la mort de son père, son rythme infernal ne cessa pas. Au contraire, elle travaillait davantage. Le matin mais aussi, parfois, le soir. Ce qui faisait, qu’elle se rendait beaucoup moins souvent dans la maison « hantée ». L’homme / apparition, semblait s’inquiéter à son propos sans jamais rien en dire. Et puis un beau jour, les visites cessèrent. Casie cessa toutes ses activités. On ne la revit plus ni sur son lieu de travail ni au lycée, ni même dans LA maison. En fait, elle était clouée au lit, dans la petite maison qu’elle partageait avec sa mère, ses trois sœurs et ses deux frères. Elle s’était épuisée à un point tel, qu’elle en était tombée gravement malade. Sa famille n’avait pas assez d’argent pour qu’elle puisse être diagnostiquée par un médecin. Tout portait à croire que la jeune fille allait mourir ainsi. Pourtant, elle eut la force de se lever pour rendre une dernière visite à cet homme qui avait hanté ses pensées durant de longs mois. Il semblait faire partie intégrante de sa vie et elle avait comme besoin de sa présence pour penser qu’elle avait vécue au moins une chose de bien dans sa trop courte vie. Ainsi, elle se rendit à la maison abandonnée. Elle dût s’arrêter à plusieurs reprises tant elle se sentait faible et à bout de souffle. A chaque fois, elle avait l’impression qu’elle allait s’écrouler et mourir avant même d’y arriver. Pourtant elle tint le choc et entra dans la maison. A peine avait-elle poussé la porte qu’elle s’écroulait. Mais elle n’eut pas le temps de toucher terre que deux bras fermes, la retinrent. Bientôt, elle se retrouva étendue sur ce qui semblait être un lit. Semblait seulement car il était couvert de saletés. Elle trouva la force de sourire à son inconnu. Il semblait soucieux et n’eut aucun mal à comprendre qu’elle n’avait plus que très peu de temps à vivre…pour ne pas dire quelques minutes car elle était tout simplement à bout à cause de l’effort fourni pour se rendre jusqu’ici. Alors que ses paupières se fermaient lentement, elle eut le temps de l’entendre une dernière fois, sa voix douce, chaude et réconfortante.
_Je peux t’aider…
Des heures, et des heures, de souffrance plus tard, Casie ouvrait brusquement les yeux. Sans qu’elle ne comprenne tout de suite pourquoi, tout avait changé. Comprenant que quelque chose clochait, elle resta enfermée dans la maison durant plusieurs jours. Elle était seule. Il était parti, après l’avoir…transformée. Elle dut comprendre et apprendre d’elle-même ce que c’était d’être un vampire. Depuis, elle veut retrouver cet homme qui l’a transformé.